
L’homme et l’oiseau se regardèrent.
… — Pourquoi chantes-tu? lui dit l’homme.
… — Si je le savais, dit l’oiseau,
Je ne chanterais plus peut-être.L’homme et le chevreuil se croisèrent.
… — Pourquoi joues-tu? demanda l’homme.
… — Si je le savais, dit la bête,
Est-ce que je jouerais encor?L’homme et l’enfant se rencontrèrent.
… — Pourquoi ris-tu ainsi? dit l’homme.
… — Si je le savais, dit l’enfant,
Est-ce que je rirais autant?Et l’homme s’en alla, pensif.
Il passa près du cimetière.
… — Pourquoi penses-tu? dit un if
Qui poussait dru dans la lumière.Et, pas plus que l’oiseau dans l’ombre,
Que le chevreuil dans la clairière
Ou que l’enfant riant dans l’air,
L’homme ne put rien lui répondre.
Maurice Carême – Défier le destin
© Fondation Maurice Carême
J’aime vraiment beaucoup ce poème !
Merci Martine.
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Curieux paradoxe, cette abondance de Carême !
mais réjouissant 🙂
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