
Je sais, petite, que tu rêves de devenir aussi grande que moi, de n’avoir enfin plus de fil à la patte, de contempler le monde du haut de ta brillance, de témoigner des saisons qui s’enchaînent.
Je sais, petite, que tu penses être mise à l’écart des grandes préoccupations du monde des humains, parce jamais devant toi ne défilent les mécontents, parce que jamais contre toi ne s’étreignent les amoureux, parce que jamais à ta tête ne processionnent les nuages.
Je sais, petite, que tu n’aimes pas que les volutes du tabac s’enroulent autour de ton chapeau.
Je sais, petite, que c’en est trop pour toi de veiller indéfiniment sur la géographie de la terre et de confirmer chaque soir à l’écolier malhabile que l’Atlantique est aussi situé entre le continent américain et le continent antarctique.
Je sais, petite, je sais tout cela.
Mais sais-tu, petite, que pour moi c’est détestable de soutenir chaque nuit le boit-sans-soif qui ne connait pas les antiémétiques et renarde sans scrupule à mon pied ?
Mais sais-tu, petite, que les nuées floconneuses que tu trouves si poétiques m’empêchent de faire mon travail et d’éclairer convenablement les chaussées ?
Mais sais-tu, petite, que l’hiver, évocateur pour toi de la douce chaleur du feu de bois, du plaid douillet sur le canapé Chesterfield, est présage de la détresse des sans-abris qui, sous mon regard, d’un carton feront leur brise-vent, leur brise-froid, leur brise-larmes, mais pas leur brise-malheur.
Mais sais-tu, petite, que je perds connaissance deux fois l’an, parce que les humains ne savent pas s’ils doivent sacrifier à Hélios, le maître-soleil, qui a de tout temps rythmé la mesure du monde ou Ploutos, le maître-finance, que les hommes honorent plus que tout : il s’accommode si aisément de la bassesse, en prétendant qu’il est juste que « l’homme de bien possédât la richesse, et le méchant mérite le fardeau de la pauvreté » !
Je sais, petite, tu ne sais pas tout cela.
•*¤*•.¸.•*♥ Écri’Turbulente ♥*.¸.•*¤*•
Pour l’Agenda Ironique de mars 2019,
animé par Iotop
du Dessous des Mots,
sur le thème « Lampadaire »
Il fallait insérer quatre mots
Chesterfield – Émétique – Atlantique – Évocateur
Le 27 mars 2019
Sais-tu petite que je contemple chaque jour, chaque heure,chaque minute un pistil qui vole, une goutte qui brille, un pétale qui tremble, un flocon qui se pose en rendant grâce à Dieu de m’en faire cadeau ?
Essaie de chasser la tristesse, le doute et la culpabilité et offre aux autres, sans condition ni attente l’amour qui t’a été donné …
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Belle chute aussi ❤
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Euh… C’est pas Ploukos, plutôt…
😀 😀 😀
Je trouve que ton texte est d’une grande douceur!
❤
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Non non, c’est bien Ploutos, la divinité de la richesse et de l’abondance, que j’évoque ici. Il est représenté aveugle et une bourse à la main, pour faire comprendre que la fortune distribue aveuglément ses faveurs.
Merci pour ta lecture bienveillante.
Bises.
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Ah…Je me disais que Plouc…Ploukos 😂
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On dit led, non 😉
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Un jour quand je serai grande, je ferai lampadaire dans une de tes histoires !
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Les loupiotes d’aujourd’hui lamp’pas d’air, y a plus d’jeunesse
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Bon jour,
Une histoire un peu triste tout de même …
Merci pour cette double participation 🙂
Max-Louis
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Oui !!!!! une histoire tous les jours, maintenant 🙂
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La Fontaine peut aller se rhabiller ! bises
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