
Racine
La racine, terre et pluie
lui donnent force et ses rêves
ont la blancheur de la neige.Elle rampe et ruse pour
sortir de terre et les cordes
de ses mille bras se tordent.Le ver dans ses bras repose,
à ses pieds trône le ver,
le ver ronge l’univers.Mais rien ne compte pour elle
de l’univers que la branche,
le feuillage qui se penche.La racine qui l’admire
pour lui distille son miel,
son suc au parfum de ciel.Moi-même je suis racine ;
dans la vermine, la même,
s’élabore ce poème.J’étais fleur, racine suis,
dans la terre, dans la nuit ;
ici s’achève ma vie,
tout là-haut pleure une scie.
Miklós Radnóti, Ciel écumeux, 1944
Œuvres, 1930-1944, traduit du hongrois par Jean-Luc Moreau
Mon anthologie personnelle (Logo cliquable)
Il est triste ce poème ; écrit en 1944, ceci explique peut-être cela.
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