
Voici les premières phrases du roman de
Tom Lanoye, La langue de ma mère
Comment poursuivriez-vous ce texte ?
Vous avez jusqu’au dimanche 3 décembre, 20 h, pour contribuer à ce jeu d’écriture collectif.
Merci de lire attentivement la règle du jeu, de proposer un texte court (5 phrases maximum et ± 100 mots dont vous indiquerez le nombre avec votre message).
Je possède une petite photo d’elle, retrouvée après la mort de mon père. Si vous la voyiez, vous vous diriez que la beauté ne se transmet pas nécessairement de mère en fils.
Dans sa propre famille non plus, les Verbeke – une vieille lignée d’architectes, d’entrepreneurs et de maçons, dont les hommes étaient souvent grands mais toujours osseux, les femmes souvent élancées mais toujours un peu anguleuses de visage – dans sa propre famille, donc, on pouvait se demander d’où étaient sorties soudain tant de beauté et d’élégance. Elle était la plus jeune fille d’une famille de douze enfants.
Dans l’ordre d’arrivée :
Martine/Écri’Turbulente, Julien Hirt/Le fictiologue, Valentyne/La Jument Verte, Lydia/Mes Promenades Culturelles, Syl/Thés Lectures et Macarons, Carnets Paresseux, Anne de Louvain-la-Neuve (un peu bavarde),Kathel/Lettres Exprès
Mercredi 6 décembre, vous pourrez lire la compilation de vos propositions en un texte le plus cohérent possible et découvrir l’auteur et le roman auquel appartient cet incipit.
J’ai fait court (51 mots) mais j’ai réussi à trouver un moment pour participer ! 🙂
Son visage rond et son sourire laissaient apercevoir deux fossettes sur ses joues, deux petits creux discrets, un rien troublant, mais ce que l’on remarquait avant toute chose c’était ses grands yeux en amande. Les iris bordés d’un cercle noir épais mettaient en valeur le vert d’eau qui colorait son regard.
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Six filles et six garçons. Le hasard avait bien fait les choses. Sa place dans la fratrie ne lui avait accordé aucun avantage. Les grands la houspillaient de temps en temps et perdue dans la masse ses parents s’y intéressaient peu. Elle a donc grandi avec constance et volonté, poussant sur un terreau peu propice.
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Bonsoir !
Je ne connais pas ce roman, mais l’extrait m’a parlé… voici donc (88 mots)
Un autre élément étonnant de ce petit cliché se situait à l’arrière-plan. La netteté n’était pas parfaite, mais l’ayant longuement regardé, je peux affirmer qu’il avait été pris en extérieur, dans un jardin ou un coin de campagne relativement propre et aménagé. Quelques buissons, une haie d’arbustes non identifiables en noir et blanc, composaient le fond, les pieds chaussés de blanc de ma mère foulaient l’herbe rase.
Et tout à droite, on apercevait un morceau de jambe, en pantalon, qui semblait s’enfuir.
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Douze, un chiffre précis, facile à diviser ! Car chez les Verbeke, mon ami, on ne badinait pas avec les mathématiques. Le numéro un, pour les corvées de repassage, le numéro deux pour la surveillance des plus jeunes, le trois, qui avait une belle voix, pour l’animation chantée du soir, le quatre pour le rassemblement à la prière, à genou devant le christ suspendu sur la cheminée entre la tante Miecke et l’oncle Freddy, le cinq et le six, aux corvées d’épluchage des patates et des salsifis de la semaine, le plus dur étant les navets du dimanche, le sept, le huit et le neuf, surveillance du brossage des dents en rang devant l’unique bassin de la petite salle d’eau (7 secondes pour chacun) et rassemblement pour l’école. Les numéros dix, onze et enfin douze, c’était pour tout le reste, tout ce qui n’avait pas été effectué par les précédents et ça faisait encore beaucoup mais un peu moins pour ma mère, la dernière des Verbeke, qui était aussi la plus maligne et savait éviter tout en faisant semblant de participer.
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Un peu bavarde, M’Âme Anne 😉
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Deux phrases mais assez longue, j’en conviens mais quelle idée aussi d’avoir douze enfants !
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Madame Martine s’en tire à bon compte, j’avais aussi songé à l’énumération des qualités des douze ! (et puis, paresseux, j’ai dévié)
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et voilà, même pas en retard et en nonante-neuf mots :
Une plaisanterie facile qui courait dans les branches écartées de la famille voulait que née d’architectes, d’entrepreneurs et de maçons, les successives fratries de Verbeke soient conçues au compas et à l’équerre, bâties à sable à chaux, bardées d’une chair lourde et bien jointoyée et chainée d’os épais, et enfin – finissons la métaphore – élevées au fil à plomb.
Et pourquoi pas coiffées de lauze ou gainées de zingue ?
Mais personne n’osait – du moins à haute voix – la moindre hypothèse sur la présence d’une si radieuse et lumineuse beauté au sein de ce monde frappé d’alignement.
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Quand on est fan du Dodo, on le reste jusqu’à la moindre virgule !
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Comme pour se venger, ses frères et sœurs la taquinaient souvent en lui racontant un conte du pays. L’histoire d’une vouivre qui, à la veille de Noël, aux douze coups de minuit, avait apporté à une famille de bûcheron, un paquet dans lequel se trouvait son magnifique bébé. En grandissant, la petite fille qui était tout le contraire de cette famille nantie déjà de onze enfants, avait une grâce peu commune. Mais à dix-huit ans, alors que sa beauté surprenait tout le monde, en cachette, elle commençait à s’arracher les premières écailles qui lui poussaient sur le corps. La vase des étangs l’appelait…
Texte écrit avec 103 mots ou 104… Tu prends ? Taille si tu veux.
Bisous
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« Revoir cette photo me fit prendre conscience de la beauté de ma mère. Je me demande d’ailleurs comment mes parents se sont rencontrés. Je n’avais jamais pensé à leur demander. Il est trop tard à présent. » (42 mots)
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J’ai cliqué trop vite sans indiquer le nombre de mots : 68 🙂
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Douze enfants en une petite vingtaine d’année, ma grand mère n’avait pas chômé.
Quand elle avait vu la frimousse éveillée de sa dernière, elle avait dit – selon la légende familiale – « Ernest, il faut s’arrêter sur cette perfection ». La légende familiale ne disait pas la réaction de mon grand père, mais il avait toujours en regardant ma mère une lueur dans l’œil : admiration ou nostalgie ?
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Ben oui, évidemment, un livre fondateur de cet auteur dont je n’apprécie pas forcément les suivants que j’ai lus aussi. Mais « La langue de ma mère » m’a donné à réfléchir. Je me suis dit qu’au travers des cultures, des langues différentes, entre le nord et le sud du pays, il n’y avait vraiment qu’une minuscule différence : le patois. Sinon…
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Chez nous, on avait le verbe rare comme une prairie aride – ça, par contre, je crains de l’avoir hérité d’elle. On ne prononçait jamais deux mots quand un seul aurait suffi, on préférait de loin un silence éloquent à un bavardage superflu. C’est ainsi que, génération après génération, les membres de notre famille évitaient précautionneusement de se dire les choses importantes, persuadés qu’un « je t’aime » verbalisé était de la dernière des vulgarités.
(74 mots)
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Bonjour Julien ! Toujours des problèmes avec les notifications ?
La compilation est ici : https://ecriturbulente.com/2017/12/06/tom-lanoye-la-langue-de-ma-mere-la-compilincipiturbulent16/
L’incipit de cette semaine est là : https://ecriturbulente.com/2017/12/07/incipiturbulent-16-2/
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Bonjour! Merci beaucoup! Cette fois, ça marche! (par contre j’ai pas mal de soucis avec la charge de travail d’avant-Noël 😀 )
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Bon courage alors ! Je crois avoir compris que tu es journaliste ? C’est ça ?
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Oui, je suis journaliste et animateur radio. Il y a plein de rétrospectives de fin d’année à préparer!
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Y compris celles de nos défunts ?
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