
Jean Geoffroy, peintre et illustrateur, est né à Marennes en 1853, mort à Paris en 1924 où son épitaphe au cimetière de Pantin précise qu’il était le « peintre des enfants et des humbles ». Humble et laborieux, il l’était lui-même, vivant au milieu des gens du faubourg qui lui servaient de modèles. Après avoir suivi les cours de gravure et de lithographie d’Eugène Levasseur, Geoffroy expose régulièrement aux Salons à partir de 1874.

Le peintre, qui loge dans la rue du Faubourg-du-Temple, est à même d’observer la pauvreté, les titres de ses toiles en témoignent : Les Infortunés (1883), Les Affamés(1886). Le Jour de visite à l’hôpital (1889) a consacré Geoffroy, qui signait « Géo », peintre de la maladie, de la misère et de la mort ; mais l’œuvre est aussi un hymne au progrès médical. On citera encore dans ce registre Noël des petits au dispensaire de la Goutte de Lait de Belleville (1908, musée de l’Assistance publique).
C’est l’observation des enfants — son atelier dominait une école — qui l’inspire le mieux. Les écoliers sont croqués avec vivacité par un regard presque photographique qui enregistre le décor un peu triste et la pédagogie des « classes Jules Ferry ». Dans La Leçon d’écriture, Le Lavabo à l’école maternelle, Geoffroy souligne les physionomies, met l’accent sur la diversité des attitudes, fait revivre l’école populaire. Le Compliment un jour de fête à l’école

(musée des Beaux-Arts de Saintes), scène ingénue bien observée, est une de ses toiles les plus fraîches. La composition sobre — sarraus noirs, têtes rasées aux regards transfigurés par l’émotion — est animée par le jeu des physionomies et la luminosité délicate de l’ensemble.
Geoffroy a illustré dans la même veine et en noir et blanc de nombreux livres et albums pour les éditeurs Delagrave et Hetzel. Les thèmes choisis concernent la vie à l’école (Une année de collège à Paris, 1883, Mémoires d’un collégien russe, 1889), la vie familiale (Jack et Jane, Histoire de deux bébés, Contes de l’oncle Jacques, parus chez Hetzel), les scènes de rue, plus rarement la pure fantaisie comme dans l’amusante série des Pierrot (La Grammaire de Pierrot).

Il réussit mieux dans les albums que dans l’illustration des textes ; ses pages les plus attachantes sont celles qui mettent en scène les enfants, selon la formule du livre pour les petits mise au point par Hetzel avec Frölich : une illustration en pleine page complétée par une courte légende. L’Âge de l’école et Scènes de la vie familières (Hetzel, 1887) manifestent le réalisme et les qualités d’observation de Geoffroy dans les attitudes (« Le Résultat d’une bataille ») et la variété des activités, dans les visages expressifs des enfants du peuple (« Le Mauvais Bulletin ») ou de la petite bourgeoisie (« Accord parfait »), dans l’appréciation humoristique d’une situation (« Le maître n’est pas là »). Geoffroy joue sur les valeurs des gris et des blancs avec une légèreté de touche et parfois une gaieté qui amuse son lecteur : on devine une complicité franche entre l’illustrateur et le monde de l’enfance.
Comme illustrateur, Geoffroy n’est pas un novateur, à la différence de son contemporain Boutet de Monvel qui renouvelle avec éclat la conception du livre d’images. Sa manière un peu grise et sourde paraît légèrement anachronique à l’époque de l’affirmation de la couleur dans l’illustration pour enfants ; Geoffroy interprète la réalité quotidienne enfantine en témoin sensible de son temps, comme l’ont révélé les expositions du musée de l’Assistance publique (en 1979 et en 1984) : c’est en exprimant, par-delà l’anecdote, les sentiments authentiques des enfants qu’il parvient à restituer une peinture de l’enfance éternelle.

Le tableau, réalisé par l’artiste français en 1889, est l’un des plus illustres de la IIIe République. Commandée par le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, la toile présente une scène de travail en classe. On y voit une vingtaine de jeunes garçons vêtus de blouses s’appliquant à faire leurs exercices sur leurs cahiers et ardoises sous le regard bienveillant de l’institutrice en robe noire. Depuis 1882, l’enseignement primaire est devenu obligatoire, gratuit et laïc pour les enfants de six à treize ans. Cette révolution «sociétale» est le fruit du ministre de l’Instruction publique, Jules Ferry. Le peintre à travers son œuvre célèbre ici l’école de la République, ses progrès et les effets bénéfiques de l’instruction qu’elle dispense.
Bonjour, j’aime bien ton idée de puzzle ! Concrètement comment fais- tu ? Merci d’avance !
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Oops… voici bien longtemps que je ne fais plus ces puzzles… Je vais rechercher la procédure…
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c’est superbe!!!!j’aime la diversité des postures,c’est quasiment photographique!un moment d e vie pris sur le vif!ah j’en vois deux qui bavardent, là!pas bien!au coin!
NB:loi Jules Ferry 1882 bien sûr (petite coquille dans ton texte)
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Coquille corrigée derechef 😀 Merci de me l’avoir signalée !
Les petits enfants d’avant ressemblaient aussi aux petits enfants de maintenant : ils bavardaient, rêvaient en classe, copiaient sur leur voisin…
Mais ceux d’avant, en récré, jouaient au palet, à la marelle, à chat perché… Ceux de maintenant, ont leur attention rivée sur un écran…
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Je confirme que c’est bien Martine qui officie sur ce blog, je relaie parce que la culture ça se diffuse largement…
avec le sourire
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COUCOU c’est toi Lilou ? un autre blog-?
quel talent aussi ! le style comme le scartes postales anciennes !
que je collectionne d’ailleurs-
une chouette découverte- bravo !
Bisous-
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Bonjour ! Ah non ! Moi c’est pas Lilou, c’est Martine… Bienvenue chez moi 😀
Mais Lilou a reblogué un de mes billets : chaque mardi, je propose le puzzle d’une oeuvre d’art à reconstituer, et le soir je donne quelques explications sur l’oeuvre et son auteur. Mardi, il s’agissait de Jean Geoffroy….
Belle journée. 😀
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J’avais trouvé ! Et lu aussi une partie de ce que tu dis mais j’en ai appris un peu plus ! Merci pour ce billet fouillé et complet ! 😀 Bisous♥
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