
Du 15 au 21 de ce mois, des bouquets de poèmes vont être déposés là, à la mémoire des victimes, de toutes les victimes dans le monde, des fanatismes, des terrorismes, des barbaries humaines.
Cette page, au fil des jours, rassemblera les mots des poètes que les uns et les autres auront gravé sur ce mémorial virtuel.
Laissez vos liens ici.
Dimanche 15 novembre
Bernard Mazo (Écri’turbulente)

Lundi 16 novembre
Nérée Beauchemin (Destinée de Pacotille)

Hubert Haddad (Écri’turbulente)

Achille Chavée ( Des mots et des notes)

Omar Khayyâm (Beauty will save the world)

Mahdaoui Abderraouf (Les mots autographes)
Louis Aragon (Mon carnet à Malices)

Mardi 17 novembre
Henri Michaux (Écri’turbulente)

Esther Granek (Destinée de Pacotille)

Claude Esteban ( beauty will save the world)

Pablo Neruda (Les lectures d’Asphodèle)

Wystan H. Auden (Des mots et des notes)

Mercredi 18 novembre
Pablo Neruda (La jument verte)

Pablo Neruda (Écri’turbulente)

Omar Youssef Souleimane (Les mots autographes)

Omar Youssef Souleimane est né en 1987 à Quoteifé, sur les plateaux du Kalamoune à une quarantaine de kilomètres au nord de Damas. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique en 2005, il étudie la littérature arabe à l’université de Homs. Entre 2006 et 2010, il a été correspondant de la presse syrienne, et a collaboré avec de nombreux journaux arabes. Il est l’auteur de livres de poésie, (Chansons de saison) en 2006, ( je ferme les yeux et j’y vais ) prix koweitien Saad Al Sabbah en 2010. Ayant participé aux manifestations pacifiques dès mars 2011 à Damas puis à Homs, il a été recherché par les services de renseignements syriens. Afin d’éviter la prison, il est entré dans la clandestinité et est parvenu à quitter son pays. La France, où il vit depuis 2012, lui a accordé l’asile politique en 2012. Il a publié Il ne faut pas qu’ils meurent en 2013 aux éditions Al Ghaoune – Liban, La mort ne séduit pas les ivrognes en 2014, bilingue, français/arabe, aux éditions L’oreille du loup – Paris, un film a été réalisé sur son poéme » Je ne suis plus personne ».
Vivant en région parisienne, il y poursuit ses études à l’université (Paris8) et continue son oeuvre poétique. (extrait du blog « Les mots autographes », ici)
Maram al-Masri (Beauty will save the world)

Née en Syrie en 1962, elle entreprend des études à Damas, avant de s’exiler à Paris où elle connaît une situation difficile. En 2003, Cerise rouge sur un carrelage blanc la révèle au public francophone. Quatre ans plus tard, elle obtient le prix de poésie de la SGDL pour Je te regarde, avant de publier Je te menace d’une colombe blanche aux éditions Seghers. Sa poésie, saluée par la critique des pays arabes et traduite dans de nombreuses langues, fait d’elle une des grandes voix féminines du Moyen-Orient. Elle a publié aux Éditions Bruno Doucey,Par la Fontaine de ma bouche en 2011, La robe froissée en 2012 et Elle va nue la liberté en mai 2013 (Prix Antonio Viccaro 2013 et prix Prix Al Bayane 2013) .
Yves Montand (Des Mots et des Notes)

S’envole une chanson
Hum Hum
Elle est née d’aujourd’hui
Dans le cœur d’un garçon
Sous le ciel de Paris
Marchent des amoureux
Hum Hum
Leur bonheur se construit
Sur un air fait pour eux
Sous le pont de Bercy
Un philosophe assis
Deux musiciens quelques badauds
Puis les gens par milliers
Sous le ciel de Paris
Jusqu’au soir vont chanter
Hum Hum
L’hymne d’un peuple épris
De sa vieille cité
Près de Notre Dame
Parfois couve un drame
Oui mais à Paname
Tout peut s’arranger
Quelques rayons
Du ciel d’été
L’accordéon
D’un marinier
L’espoir fleurit
Au ciel de Paris
Sous le ciel de Paris
Coule un fleuve joyeux
Hum Hum
Il endort dans la nuit
Les clochards et les gueux
Sous le ciel de Paris
Les oiseaux du Bon Dieu
Hum Hum
Viennent du monde entier
Pour bavarder entre eux
Et le ciel de Paris
A son secret pour lui
Depuis vingt siècles, il est épris
De notre Ile Saint Louis
Quand elle lui sourit
Il met son habit bleu
Hum Hum
Quand il pleut sur Paris
C’est qu’il est malheureux
Quand il est trop jaloux
De ses millions d’amants
Hum Hum
Il fait gronder sur nous
Son tonnerre éclatant
Mais le ciel de Paris
N’est pas longtemps cruel
Hum Hum
Pour se fair’ pardonner
Il offre un arc en ciel.

Marceline rentre alors en métropole, elle a 16 ans devient comédienne et cantatrice.
En 1808 elle rencontre Henri de Latouche. Elle entretiendra avec celui-ci une liaison intermittente et tumultueuse de trente années, en taisant le nom de son amant. Il naîtra en 1809, de cette liaison, un enfant qui mourra à l’âge de 5 ans.
En 1847 elle épouse Prosper Lanchantin, comédien besogneux, sans talent, connu sous le nom de Valmore et mène avec lui une vie difficile et itinérante.
Ils auront 3 enfants, deux filles Ondine et Inès, un garçon Hyppolite. Inès mourra en 1846 et Ondine en 1853, Hyppolite sur les 20 ans qu’il passera dans l’armée sera emprisonné durant 7 ans…
Sa production littéraire commencée en 1819 par un recueil « Elégies et romances » aide à subvenir, sans y parvenir vraiment, aux besoins du ménage.
Elle meurt d’un cancer en1859, seule, à Paris.
Jeudi 19 novembre


Jacques Prévert (Un esprit sain dans un corsage)

Charles Trenet (Des Mots et des notes)

C’est la romance de Paris
Au coin des rues, elle fleurit
Ça met au coeur des amoureux
Un peu de rêve et de ciel bleu
Ce doux refrain de nos faubourgs
Parle si gentiment d’amour
Que tout le monde en est épris
C’est la romance de Paris
Jean Joubert (Beauty will save the world)

Vendredi 20 novembre
Salah Al Hamdani, poète, écrivain et homme de théâtre français d’origine irakienne, est né en 1951 à Bagdad. Opposant à la dictature de Saddam Hussein, il connaît la prison puis l’exil. Nourri de l’œuvre d’Albert Camus, il choisit la France comme terre d’asile en 1975, sans jamais cesser de s’engager contre la dictature, les guerres et le terrorisme. Après avoir commencé à écrire en prison politique en Irak vers l’âge de 20 ans, c’est à Paris qu’il est devenu auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages en français (roman, poésies, nouvelles et récits) dont certains sont traduits de l’arabe avec Isabelle Lagny. Dernières parutions : Adieu mon tortionnaire (récits), Editions Le Temps des Cerises, 2014 ; Rebâtir les jours (poèmes), Editions Bruno Doucey, 2013.

QU’ILS PÉRISSENT !
Il n’y a plus de dialogue – mystère
plus de parole subtile
après le vide laissé par les tueurs
il pleut sur mon âme
Ceux qui ont bavé sur le sacré
qui assassinent les hommes
qu’ils périssent !
Un vent ravage le corps
l’argile où patauge le fleuve
tout le pays se prépare à en finir avec le tortionnaire
un peuple passe au crible des fossoyeurs
et Dieu amasse les enfants mutilés en son nom
Ceux qui égorgent les hommes
pour nourrir leur combats
qu’ils périssent !
Sur mes brouillons jetés dans l’ombre de la nuit comme des bris de miroir, je distingue des reflets : une terre déportée, des dunes à genoux, un vertige, la moitié d’un mot qui détient un secret, l’infini sans attache, les cendres d’une forêt, l’énigme de la parole qui supprime le geste, un désert où pourtant les pieds ne s’enfoncent pas, fleuve orphelin, exilé sans écho, dévisagés par des hommes rapaces. De longues rivières qui hantaient ma jeunesse, un fragment à peine visible dans les guerres, un vol de cigognes, des caravanes figées dans l’instant.
Un sentiment étrange s’empare de mes écrits
Les morts m’entourent
Même les hirondelles ont fui la parole
Comme avant, encore, ma présence manque
sur la rive de l’Euphrate
L’accomplissement de soi
ces mots sans profondeur
ce vide comme la peur
qui ne veut pas se dissiper…
Alors que la nuit laisse aller l’ombre
comment nommer l’oubli devant moi ?
Avec le récit
Le battement du langage
comme la défaite du jour et le défi, je vous crie :
qu’ils périssent !
Il y aura encore tellement d’aubes
et d’amours immenses
qu’il suffirait d’un geste de lune sur tes palmiers
pour que le phare des bédouins survive
malgré la hache et la mutilation
Surtout ne pas fuir
car mon hennissement vers toi Bagdad
te dira encore :
qu’ils périssent !
Paris le 1er juillet 2004
* Extrait du recueil Bagdad ciel ouvert, Editions Le Temps des Cerises 2014.
Yánnis Rítsos (Écri’turbulente)

Samedi 21 novembre

Isabelle Lagny, poète, écrivain et photographe, est née en 1961 à Paris.
Elle écrit des poèmes, des récits et des nouvelles depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Journal derrière le givre, L’Harmattan, 2002 ; Le sillon des jours, Le Temps des Cerises, 2014.
Elle a collaboré également depuis 1997 à la traduction en français de plusieurs ouvrages du poète Salah Al Hamdani (en poésie et en prose) dont Adieu mon tortionnaire, Le Temps des Cerises, 2014, ainsi que de six autres recueils.
Première exposition de photographies en 2013, Un jour l’Enfance, à la bibliothèque de l’Ecole Polytechnique (Palaiseau).
Contre la violence des temps
L’amphore de ton jour
Réveille une étrangeté
Celle de mon cheval orphelin
Qui se retourne au passage des cigognes
Tu renverses la grisaille
Sèmes la saison des Lumières
Etrilles les nuages endiablés
Et secoues le tourment de mon iris
Dépourvu de feuilles
Dans un miroir blessé
J’imagine avec toi
Un ailleurs sauvé du monde
Un repaire de rémanences
Comme une muraille
Où s’écrase mollement
La violence des temps
Ensemble nous sommes fortes
Échappées, par cette magie d’oiseaux naissant
Du fond d’un vase rempli de siècles de lichens
Ta bouche articule pour nous
Des prairies silencieuses
Une caravane de cercles d’amour
Qui se propagent
Grandissent
Puis se perdent pour toujours
Maram al-Masri (Écri’turbulente)

Pierre Gabriel (Beauty save the world)

Mahmoud Darwich (La Jument Verte)

Révolution II
( achevé une semaine avant le vendredi 13 novembre 2015 )
Les temps sont venus d’abolir la beauté et je préfère hurler Voilà qu’on décapite. Jeunesse haïe foulée aux pieds et mise à nu Quand je pleure sans espoir de naissance nouvelle tendresse en berne mes gestes sont en jachère et mon poète est mort
Les rideaux sont tachés de soleil fenêtre qu’on laisse fermée dans le bruit indécent un enfant va mourir et la révolte vibre sur mes réseaux J’allume j’éteins puis y reviens le désespoir comme drogue la cigarette m’accroche l’orage ne m’émeut plus
mais j’occulte mon cauchemar et suis sourde au éclairs je sens la pluie je sens celle de ma dernière nuit de ma dernière rose Ici on ne voit plus personne sourire Personne ne s’embrasse l’amour comme l’arbre est mort je me suspends aux branches
quand dans l’avenue des paulownias cette musique de cinquante ans monte sans m’exalter Je n’ai pas pu hier descendre me battre dans la rue c’était l’ indifférence devant des anges en danger mais comment croire aux cruautés Oui j’abolis mon écriture
Je veux choisir la vie comme ils choisissent la beauté ceux qu’on veut faire mourir mais il faut d’autres armes que celle du stylo et j’abomine les frappes Je fixe mon écran et dans les yeux de ces enfants je vois que passent les heures
Passent les jours douleur des parents et nos cris dans les rues Par peur du silence nous livrons nos chansons et les crachons aux gueules des bourreaux pour abolir encore la beauté la joie possible et tous les as de nos cartes
A la place de la musique j’entends le bruit du crash explosion morts à répétition je vois les boîtes noires Fil d’une actualité que je vomis les yeux me brûlent je ne suis plus enfant du siècle et j’ai vieilli
Economie à faire de mon écran belle promesse il y a toujours la guerre comme la pluie et la boue Mais l’eau ne lave même plus le sang et c’est sur les cimetières qu’on compte pour s’inspirer Hier j’ai acheté un carnet rouge que je dédie à tous ces morts
Je vis tous le instants comme on vit l’aube à son éveil Je recule mon sommeil grâce au bruit de mes mots offre mes insomnies pour leur rédemption Et si je n’écris pas je me rends au jardin m’assois au pied des arbres mes larmes sont rosée
J’offre mon identité pour leur renaissance et changerais de peau pour leur donner la mienne Pour les enfants de mes enfants soumis à toutes ces tortures j’écris désespéré La haine est sans limite quand ma page est petite Je me demande si je suis libre
S’il faut un incendie pour devenir phénix offrir des pierres fumantes au peuple sans maisons hurler cette fois de joie Mon texte se fait chanson pour célébrer la joie d’une nouvelle époque Je nous console ici des morts à venir
France Burghelle Rey ©
Brouillard
Le monde brûle
Paris aussi
Et chacun de pétrir sa nuit
Au levain de la tristesse
Ont fleuri drapeaux d’orage
Flammes de bougies ardentes
Minutes en minutes d’effroyable silence
Et puis
Des mots à travers le brouillard
Devant chaque fenêtre possible
Surrections d’îles
Comme autant d’archipels
Où s’amarrer, où accoster
Où poser le pied
Mais chacun son brouillard
Celui qui se défait et refait le monde
Paris brûle
Le monde aussi
Et chacun de pétrir sa nuit
16 novembre 2015
Hymne à la paix (Alain Degoumois)
Contre la violence des temps
L’amphore de ton jour
Réveille une étrangeté
Celle de mon cheval orphelin
Qui se retourne au passage des cigognes
Tu renverses la grisaille
Sèmes la saison des Lumières
Etrilles les nuages endiablés
Et secoues le tourment de mon iris
Dépourvu de feuilles
Dans un miroir blessé
J’imagine avec toi
Un ailleurs sauvé du monde
Un repaire de rémanences
Comme une muraille
Où s’écrase mollement
La violence des temps
Ensemble nous sommes fortes
Echappées, par cette magie d’oiseaux naissant
Du fond d’un vase rempli de siècles de lichens
Ta bouche articule pour nous
Des prairies silencieuses
Une caravane de cercles d’amour
Qui se propagent
Grandissent
Puis se perdent pour toujours
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Autour d’une toile
volette le papillon
léger et s’éloignent
les ailes couleur soleil
d’un messager du bonheur
Samedi 14 novembre 2015
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Quelle belle diversité !
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A reblogué ceci sur Les facéties de Ceriat.
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Une très bonne idée, ce mur poétique. 😀
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J’ai envie de crier
et je chanterai pour eux: « mon amie la rose » « ma liberté » « quand tu chantes, je chante avec toi liberté » « aimer à perdre la raison » …
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belle initiative ; pas sûr de savoir quoi proposer (seul « au ciel seuls… » me vient à l’esprit, mais un peu hors de propos ?) mais je viendrais lire les autres
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